La Fimabio sensibilise à l’utilisation abusive de l’appellation « Bio »
Manger Bio est devenu tendance au Maroc. Les habitudes des consommateurs ne cessent d’évoluer laissant émerger de nouvelles niches. Le Bio en est une. Il constitue, en effet, un marché « rentable » pour les producteurs et «sain» pour les consommateurs. Ce segment qui s’organise aujourd’hui en filière n’a pas encore trouvé son rythme de croisière. Un vaste chantier est lancé dans ce sens, en concertation avec le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts dotant ainsi cette filière d’un cadre législatif et réglementaire approprié. L’heure étant de dresser l’état des lieux de la filière biologique au niveau national et lever l’amalgame notamment en ce qui concerne l’usage abusif de l’appellation Bio. C’est à ce propos que la Fédération interprofessionnelle marocaine de la filière biologique (Fimabio), représentant officiel du secteur conformément à la loi 03-12, a organisé, jeudi 15 juin 2017, à Casablanca son premier séminaire. Cet événement a pour finalité de mettre en relief le développement de la filière et d’expliquer ses enjeux.
«Nous observons actuellement une utilisation abusive de l’appellation Bio. Les consommateurs confondent toujours entre le produit : Bio, beldi, pur et naturel. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans l’obligation de défendre la notoriété des produits biologiques et ce en renforçant nos actions de communication invitant les consommateurs à rester vigilants et à exiger un marquage officiel et normé», explique dans ce sens Jalal Charaf, vice-président communication de la Fimabio. Le logo et l’étiquetage constituent un gage pour les consommateurs. Au Maroc, la certification est actuellement assurée par des organismes étrangers et ce en attendant l’entrée en vigueur de la loi 39-12 relative à la production biologique au Maroc. Ce dispositif régira les règles de production, de préparation, des conditions d’agrément des organismes de contrôle de certification ainsi que les dispositions à entreprendre en cas d’infractions. De lourdes sanctions sont prévues dans ce sens. «Un opérateur qui appose le logo Bio sur un produit non certifié Bio ou qui fait la publicité d’un produit qui n’est pas Bio s’expose à payer une amende qui peut aller jusqu’à 50.000 dirhams.
De même un organisme qui n’est pas agréé par l’Etat et certifie les produits Bio est exposé à une amende qui peut aller jusqu’à 100.000 dirhams», relève-t-on de la Fimabio. Rappelons que la loi 39-12 a été publiée au Bulletin officiel en 2013 et n’entrera en vigueur qu’après la publication de l’ensemble des textes d’application. Deux décrets d’application et 4 arrêtés ont été publiés entre 2014 et 2015 au moment où quatre autres sont en cours de publication. Rappelons que la filière biologique est active au Maroc depuis belle lurette. Un contrat-programme de 1,12 milliard de dirhams a été ratifié en 2011 entre l’État et les représentants de la filière, en l’occurrence l’Association marocaine de la filière biologique (Amabio) qui avait regroupé à l’époque l’ensemble des intervenants du Bio. Les objectifs du contrat-programme portent sur une superficie plantée de 40.000 hectares en 2020 contre 4.000 hectares lors de la signature de ce dispositif. La production devrait également atteindre 400.0000 tonnes contre 40.000 tonnes en 2011. Les exportations devraient passer de 10.000 tonnes en 2011 à 60.000 tonnes en 2020. L’apport en devise est estimé, pour sa part, à 8.000 millions de dirhams en 2020 contre 100 millions de dirhams lors de la ratification du contrat programme. En termes d’emploi, les producteurs devraient atteindre 9 millions de journées de travail contre 1 million de journées en 2011.