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La viande bio stabilise son développement

Après avoir rapidement recruté de nouveaux consommateurs, les producteurs de viande issue de l’agriculture biologique souhaitent se consacrer au renforcement de la distribution dans la restauration et à une meilleure maîtrise du rapport offre/demande.

La viande bio recrute toujours plus d’adeptes, se félicite Interbev, l’interprofession du bétail et des viandes. 74% des consommateurs interrogés par l’Ifop (1003 personnes, du 22 au 24 août 2018, en ligne) déclarent consommer au moins occasionnellement de la viande bio. Un chiffre en forte progression depuis le début de l’étude, il y a quatre ans : ils n’étaient que 59% en 2015, puis 70% en 2016 et 71% l’an dernier.  « Nous nous dirigeons vers une stabilisation de la consommation, et une hausse de sa fréquence », observe Denis Lerouge, responsable des études d’Interbev.

72% des sondés estiment par ailleurs qu’il est « indispensable » de trouver de la viande parmi l’offre de produits issus de l’agriculture biologique. En 2017, le marché de la viande bovine bio a représenté 317 millions d’euros (+12,8%); celui de la charcuterie et de la salaison bio, 132 millions d’euros (+22,2%); celui de la viande porcine, 82 millions d’euros (+10,8%) et 55 millions d’euros pour la viande ovine (+12,2%).

De forts écarts de prix avec l’agriculture conventionnelle

« Il est certain que, pour une partie de la population, le prix est un obstacle lorsque leur budget est serré,reconnaît Denis Lerouge. Néanmoins, de plus en plus de Français sont consommateurs de viande bio de façon occasionnelle, et comprennent qu’il faut la payer  à sa valeur. » Les écarts de prix moyens entre le bio et la viande issue de l’agriculture conventionnelle sont estimés à environ 30% sur le porc, en raison d’un besoin plus important de main d’œuvre, de 10% à 12% sur le bœuf et l’agneau, et de 30% pour les découpes de volailles. Les coûts d’une exploitation bio sont en moyenne supérieurs de 15% à ceux d’un élevage conventionnel.

Les produits sont principalement achetés en grande distribution (52%), loin devant les magasins spécialisés bio (17%) et les boucheries artisanales (14%). Les consommateurs CSP+ sont les plus friands de viande issus de l’agriculture biologique, tandis que les 15-24 ans, les fameux Millenials, sont également surreprésentés. Les ventes sont très urbaines : ainsi, 84% des sondés résidant dans l’agglomération parisienne déclarent consommer de la viande bio.

Des difficultés à s’imposer dans la restauration

Pour développer la consommation de viande bio, les professionnels fondent de grands espoirs sur la restauration hors-domicile, circuit au sein duquel 68% des consommateurs sondés regrettent de ne pas trouver de la viande bio. 44% des sondés indiquent (cela reste du déclaratif) choisir de préférence un restaurant proposant de la viande bio, même si celle-ci est facturée de manière plus élevée. La maîtrise de la traçabilité freine le développement de la viande bio en restauration commerciale, un produit bio devant ensuite être élaboré avec des ingrédients bio, telle que l’huile par exemple.

« Une des problématiques de la filière est aussi de vendre l’ensemble de la carcasse », ajoute Jean-François Degrorie, animateur de la commission bio d’Interbev. La valorisation de l’ensemble des carcasses nécessite, pour les éleveurs et les groupements, de s’assurer de bénéficier de suffisamment de contrats afin de pouvoir dispatcher les différents morceaux. La bonne corrélation entre la croissance de l’offre et celle de la demande fait, enfin, partie des dossiers actuellement suivis par l’interprofession. D’ici fin 2020, la production de porc bio pourrait être multipliée par 2,5, sous l’impulsion de grands élevages conventionnels qui, forts de leurs moyens, développent une activité bio.

Source : usinenouvelle.com

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